Trois semaines
d'itinérance apostolique
sur le sud niortais
en attendant la suite...


P. Jean-Paul Russeil
(Eglise en Poitou - 18 mai 2005)

 

Des "prêtres itinérants", en lien avec les prêtres des secteurs de Beauvoir, Mauzé et Prahecq, viennent de sillonner nos routes, "de bourg en bourg", pendant une vingtaine de jours. Ils sont trois : Boris, Frédéric et Xavier, un franciscain et deux jésuites. Ils font partie d'une équipe d'itinérance apostolique, appelée ITER - le chemin, la marche en latin - constituée de religieux et de religieuses des familles franciscaine, dominicaine et ignatienne.

C'est la troisième année qu'ils vont en itinérance apostolique sur un diocèse. Auparavant, il y eut Grenoble (en juillet 2003) puis Bordeaux (juillet 2004) et de nouveau Grenoble à la Toussaint 2004. Habituellement, ils se déplacent à une dizaine de religieux et religieuses, vivant leur itinérance sous deux formes complémentaires. Certains, en effet, sont "itinérants sur les routes" tandis que le reste de l'équipe est "itinérante sur les relais". Mais ce qui est commun aux uns et aux autres, c'est le souhait qu'ils ont de vivre des temps de rencontre, le plus possible en gratuité. C'est pour cette raison qu'ils désirent venir dans les diocèses sans "pouvoir", sans argent et sans "savoir".

C'est ainsi qu'ils vont sur les routes soit à pied, soit en faisant du stop, le sac sur le dos, pour rejoindre les "gens des maisons". De même, ils n'ont pas d'argent, se contentant de ce qu'on leur donne. Enfin, c'est aussi pour cela qu'ils désirent venir sans stratégie ou programme préétablis, non pour enseigner mais pour vivre, de la manière la plus disponible, les temps de rencontre. Celle-ci est avant tout partage de ce qui nous rend humains. Ils ont la conviction que lorsque cette rencontre se vit au plus profond de notre humanité, au travers de tout ce qui tisse le quotidien de nos jours, il peut alors nous être donné de faire une expérience d'évangile. C'est en effet, au travers des rencontres toutes simples et imprévues, vécues de part et d'autre dans la disponibilité et la vulnérabilité, sur la route ou dans les maisons, pendant les repas… qu'émerge cette heureuse nouvelle. Ainsi, nos itinérants ne parlent pas souvent de Dieu ou de Jésus Christ, à moins que les "gens des maisons" n'en parlent. Mais ils savent qu'en cherchant à rejoindre l'humanité de chacun, c'est en elle que pourra se révéler en vérité Celui qui les envoie sur les routes.

Dans le cadre de leur itinérance apostolique, les "itinérants sur les relais" vivent auprès de la communauté chrétienne locale pendant une semaine, avant de partir pour rejoindre un autre secteur, un peu plus loin. La plupart du temps, ils vivent en communauté, sous un même toit - une maison ou un presbytère… Leur vie est faite de simplicité ; une salle leur suffit pour dormir à même le sol - sur des tapis en mousse - et la nourriture provient le plus souvent des dons qui leur sont faits. Pendant la durée de leur séjour et selon les demandes des personnes rencontrées ou de l'équipe de la communauté locale, ils proposent des accompagnements spirituels ou des retraites, mais aussi des temps de prière, des parcours de lecture de la Bible ou d'approfondissement de la foi… De même, ils rayonnent autour de leur lieu d'hébergement pour aller à la rencontre des "gens des maisons" dans les villages environnants.

Dans le même temps, les "itinérants sur les routes", qui sont d'inspiration davantage franciscaine, vont, eux aussi, à la rencontre des "gens des maisons", mais en mendiant la nourriture et le gîte pour la nuit. Au gré des rencontres, ils s'arrêtent ainsi pour prendre du temps avec chacun, qu'il soit chrétien ou non, dans un partage de vie en humanité.

C'est dans ce même esprit que trois d'entre eux ont ainsi vécu pendant une vingtaine de jours sur le territoire du sud niortais, sillonnant les routes entre Coulon et Boisserolles - du nord au sud - et de Saint-Hilaire-la-Palud à Prahecq - d'ouest en est. Ce fut pour eux l'occasion, une nouvelle fois, de vivre des temps de rencontre avec des personnes fort différentes. Si l'effet de surprise a souvent été de taille en voyant ces inconnus arriver, le soir venant, pour demander l'hébergement pour la nuit, il n'en est pas moins vrai que, passé un temps de mise en confiance, une relation vraie et forte a pu s'installer, permettant souvent à ceux qui les accueillent de dialoguer sur des sujets qui leur tiennent à cœur mais dont ils n'ont pas toujours l'occasion de parler. Il est tout aussi étonnant de remarquer que c'est ce même besoin de parler qui anime des personnes à s'arrêter pour les prendre en auto-stop. Ceux qui les prennent à bord de leur voiture sont souvent des hommes ou des femmes qui cherchent de la compagnie lors de longs trajets mais aussi et surtout des personnes qui souhaitent pouvoir échanger sur ce qui fait leur vie quotidienne avec leurs joies, leurs peines et leurs difficultés.

Le fait que les itinérants puissent être simplement à l'écoute de toutes ces personnes produit chez ceux qui les accueillent, dans leur maison ou dans leur voiture, le sentiment heureux de pouvoir être entendus, compris. Au point que ce sont souvent les "accueillants" qui remercient les "accueillis". Etrange renversement des rôles que le mot "hôte" peut permettre de comprendre. Ce mot, en français, ne désigne-t-il pas, en effet, à la fois celui qui reçoit et celui qui est reçu, au point que les rôles se confondent ou parfois même s'inversent ?

A les entendre ils ont été tout particulièrement heureux aussi de la possibilité qu'ils ont eue de vivre et de travailler avec les prêtres des trois secteurs pastoraux - Rémi, Jacques, Jean-Marie et Fabien - ainsi qu'avec de nombreux membres des communautés locales. Ils semblent avoir été marqués par la vitalité de ces communautés, qui les aident à traverser les difficultés auxquelles elles sont confrontées.

Il est prévu que, du 15 juin au 31 juillet prochains, ces itinérants reviennent sur ces mêmes secteurs du sud niortais. Leur équipe sera alors au complet pour aller tant sur les routes qu'auprès de nos communautés locales, à la rencontre de Celui qui les a précédés et les attend (Mt 28, 10 s).