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Un peu de pain pour la route...

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Pâques
Tu es Jésus !
Carême
Ne me reprends pas ton Esprit Saint, rends-moi la joie d'être sauvé !
Février
Le temps des veilleurs
Avent
La grâce est la rencontre de Dieu avec notre dignité
Noël
Nous voici à la veille de Noël
Novembre
Aux croisées des chemins...
Octobre
Belle fête de Saint-François !
Juin
Recevez l'Esprit Saint !
Avril
Il est monté aux cieux, il siège à la droite du Père

Mars

En quel pays de solitude... (Carême)

Janvier

Un temps ordinaire ?

Décembre

Mais qu'attendent-ils donc ?

Octobre

Qu'il est grand ton nom...

Septembre

la fin de l'année liturgique

Mai

Et si la beauté pouvait sauver le monde ?

 

 

 

 

Et si la beauté pouvait sauver le monde ?

C’était le titre ambitieux du congrès initié par l’Office de Cluny, lors du long week-end de l’ascension, à Valmeinier, en Savoie. J’avais déjà rencontré des membres d'associations invitantes par la Maison du Visiteur de Vézelay et Domino de Toulouse, qui, entre autres, monte des spectacles avec des personnes handicapées. Sur leur invitation, nous étions donc deux franciscains à ce congrès: moi-même et le frère Patrice Kervyn, de la province des Trois Compagnons.

Nous nous sommes retrouvés à plus de 300, représentants 18 pays, dans cette petite station de ski, réouverte après la saison, tout spécialement pour le congrès, ce qui donnait une impression de décor de cinéma laissé à l’abandon. Ce qui m’a tout de suite frappé, c’est la diversité des visages : des jeunes, des moins jeunes, des enfants.
Et en discutant avec les personnes présentes, toutes portaient ce souci de la beauté dans leur quotidien et le partageait : Yves, ancien d’ATD qui a monté un projet artistique dans la Maurienne et a créé une entreprise de réinsertion ; Martine, du Chili qui monte des pièces de théâtre pour que les habitants des quartiers riches et pauvres se rencontrent ; Joseph, architecte qui travaille avec la terre pour retrouver l’équilibre Ying-Yang dans l'habitat, Jacques qui cherche à faire découvrir le patrimoine des églises de Savoie, Geneviève et sa famille, des amérindiens du Québec qui ont réalisé un film sur la rencontre entre les colons européens et leur peuple, des danseurs, des clowns, des poètes, des peintres, des sculpteurs, des musiciens… connus ou inconnus. La liste est longue.

Derrière cet inventaire à la Prévert, nous étions réunis par la même conviction :
Nous sommes tous artistes.
Tous artistes, ce n’est pas juste un slogan un peu idéaliste. Tous artistes signifie que tous nous avons la possibilité de nous laisser traverser par une émotion, tous nous avons la possibilité d’offrir et d’inviter l’autre à une présence plus profonde. J’ai fait le voyage de Toulouse avec Pascal et Emilie, deux personnes que nous appelons « handicapées ». Mais qui est le plus handicapé ? Par leur fraîcheur, leur spontanéité et leur joie, en venant toucher en nous des lieux nouveaux, elles ont ouvert à chacun des chemins vers une vie plus grande…
Tous artistes, ce n’est pas nier que le travail et le talent ne s’improvisent pas. Mais nous avons expérimenté que la création commune est un subtile dosage, fait de respect et de confiance, d’abandon et de maîtrise, d’écoute et de don, de travail et de patience.

Le premier jour, nous avons pu prendre la mesure du lieu pour l’habiter, par une promenade dans cette magnifique montagne et par la rencontre des habitants de la vallée. A travers une présentation de l’évolution des architectures en montagne, ils nous ont parlé du développement de leur station de ski. Pour nous qui rêvions de montagne sauvage, préservée et vierge, ils nous ont rappelé que cette station faisait vivre leur vallée et avait permis de conserver des enfants dans l’école du village. « Si nous n’avions pas créé tout cela, il n’y aurait eu personne pour vous accueillir aujourd’hui ». La réalité n’est décidément pas blanche ou noire ! Ils nous ont rappelé que la matière est le premier lieu de confrontation, pour l’artiste, mais aussi pour tout homme. Exigence de l'incarnation!

Le thème du deuxième jour était : l’art de la conversation. Un « brunch conférence » nous a tous réunis pour 4h (ce n’est pas une faute de frappe !) de repas articulé autour de 4 interventions : Majid Rahnema, un ancien ministre iranien qui a été le représentant de ce pays à l’ONU, auteur de Quand la misère chasse la pauvreté ; Olivier Frénoy, fondateur de l’Office de Cluny nous a rappelé l’importance de la relation et de la présence; Pier Angelo Sequeri, violoniste, compositeur de musique et théologien à Milan. J’avoue que je ne sais plus trop ce qu’il a dit : je commençais à saturer ! Et enfin Jacques Dufresne, philosophe canadien, qui nous a rappelé les enjeux écologiques et l’importance de penser une alternative au matérialisme et au formalisme actuels.
Une nourriture consistante pour ouvrir la beauté à une réflexion intellectuelle.

Les matins étaient consacrés à des ateliers d’expression corporelle et de chant, ce qui était une façon de faire famille par le corps, ce qui installait une confiance et une présence à soi qui favorisaient grandement les rencontres.
Les après-midi, étaient organisés en petits ateliers autour de thèmes très variés : contempler la terre, un patrimoine à transmettre, valoriser des compétences, vivre ensemble pour construire une identité commune, habiter la ville, la personne au cœur du politique, le don au service de la création… Un renoncement difficile pour concilier la diversité des propositions et le temps limité ! A chaque fois, le principe était le même : deux intervenants présentaient leur expérience, puis les questions du groupe permettaient d’approfondir.

Et enfin, la dernière après-midi a été consacrée à la préparation du spectacle du samedi soir. Spectacle à 300 comédiens pour 300 spectateurs. Spectacle improvisé pour exprimer par la musique et le corps ce que nous avons vécu pendant ces trois jours. Pour ma part, la petite intervention théâtrale que j’ai faite a été une expérience forte !

Finalement avec quoi suis-je revenu ?
Bien sur, je reviens avec des outils, des contacts... Je reviens avec en mémoire ma rencontre avec Olivier, ancien comptable à New-York, devenu chanteur professionnel et spécialiste des chansons de troubadour des XI et XIIème siècles. Rencontre profonde et improbable entre un religieux franciscain et un artiste agnostique ! Rencontre de deux hommes dont les choix ont radicalement changé la vie, pour viser à l'essentiel. Il m’a rappelé qu’au moyen-âge, les troubadours étaient des exclus. De cet aspect troubadour de François, je n’avais retenu que le côté amuseur bucolique et romantique… Le choix de François de s’identifier à cette classe sociale est autant un choix artistique qu’un choix de minorité. Quand la beauté rejoint la politique!
Un esprit franciscain soufflait sur ces journées. J’ose à peine dire l’esprit franciscain car je n’en suis ni le propriétaire, ni le garant. Cet esprit, je l’ai reçu en ces journées, comme renouvelé. « Mon frère, qu’as tu de neuf à m’apprendre sur Dieu ? »

Je reviens avec une conviction encore plus ancrée : le Christ parle à partir de nos humanités, sans rien en exclure, sans rien en omettre. Chacun se débrouille avec ses fragilités, ses résistances… Le combat de l’homme pour dire sa vérité est un combat admirablement beau et digne. Oui, le Christ est là… mais le chemin est long pour le reconnaître. Parmi les personnes qui étaient présentes, beaucoup témoignaient d’une foi profonde. Mais d’une foi qui cherche de nouveaux mots pour se dire, de nouvelles expériences pour inviter à entrer dans ce chemin. Une foi qui se risque à la main tendue, à la rencontre sur un autre terrain. Une main tendue vers ce monde a soif de beauté.

Et finalement, je repars... tout simplement. Je crois que c’est cela le cœur : Habiter pour repartir. Habiter pour féconder. J’ai moi-même été surpris par la profondeur de la joie qui m’habitait quand j’ai passé la porte de la fraternité à Toulouse. Réalité fraternelle et humaine, avec ces joies et ces épines… Réalité aimée, vécue, incarnée… sur le regard de Dieu.
Au jour le jour, le chemin peut parfois être lourd. Ce que je vis de façon éclatée dans un quotidien d’étude, mon engagement auprès des familles du quart-monde, mon intérêt pour la non-violence, ma sensibilité à la beauté, mon expérience entre orient et occident… ces trois jours m’ont offert un sommet d’où contempler, pour en voir l’unité, unité en devenir, pèlerin et étranger, mais enraciné.
La montagne qui surplombe Valmeinier s’appelle le Mont Thabor… Etait-ce une simple coïncidence ?


Fr. Frédéric-Marie

 

 

Quelques mots sur la Parole de Dieu en cette fin d'année liturgique.

Depuis déjà quelques jours nous arrivons en vue de la fin de l'année liturgique, qui compte une trentaine de 34 semaines. Cette année la 34ème semaine se termine le 1er Décembre. A la fin de cette semaine nous entrerons dans le cycle de l'Avent. Nous commencerons alors une nouvelle année liturgique qui nous permettra une fois encore de reparcourir l'ensemble du mystère chrétien.
Mais nous n'en sommes pas encore là et il faut bien commencer à un moment donné ou à un autre. Ce qui me guide à écrire ces propos c'est que bien souvent les premières lectures de nos eucharisties de cette période de l'année sont peu commentés quand ils ne sont pas tout simplement ignorés. Constatons ce fait sans en connaître les raisons. Il est vrai aussi que ces textes scripturaires offerts à notre méditation et notre prière ne sont pas très faciles ni à lire ni à comprendre (mais quelle Parole de Dieu l'est en vérité ?).
Pour l'année liturgique impaire (Pâques tombe en 2007) qui est la nôtre et en partant de la 25ème à la 27ème semaine, nous trouvons surtout des textes du premier Testament. Ils se répartissent essentiellement en deux grandes catégories :
Historiques avec Esdras et Néhémie ;
Prophétiques : Aggée, Zacharie, Baruc, Jonas, Malachie, Joël.
La fin de cette année nous offre l'épître aux Romains probablement l'œuvre la plus magistrale et la plus difficile à lire de toutes nos écritures chrétiennes. Les deux dernières semaines nous lisons la Sagesse (ouvrage à forte influence grecque) et les 2 livres des Martyrs d'Israël appelés autrefois les Macchabées (mot qui signifie marteau indiquant ainsi la puissante volonté de la révolte juive face à l'oppression anti-religieuse grecque.
Lundi 8 octobre nous commencerons à lire Jonas. C'est une histoire inventée pour nous servir de leçon. On peut tirer plusieurs enseignements de ce petit livre dont la principale est sans doute que les païens, représentés ici par les Ninivites sont capables de conversion au même titre (ou mieux ?) que ceux qui pratiquent habituellement qu'ils soient juifs ou chrétiens.

En ce début de 27ème semaine, nous lisons le tout début du livre de Jonas. Nous le lisons quelques jours après nos frères juifs qui eux l'ont lu l'après midi du jour de Yom Kippour.
Dans nos bibles, Jonas est classé parmi les prophètes. Il est bien différent d'Isaïe, Jérémie et même Amos. En fait son rôle de prophète se réduit à appeler à la pénitence, ce qui n'est déjà pas si mal.
Le livre commence d'ailleurs par le contenu même de sa mission. Je vais me contenter pour aujourd'hui des deux premiers versets amplement suffisants à une brève méditation :
La parole du SEIGNEUR s'adressa à Jonas, fils d'Amittaï :
«Lève-toi ! va à Ninive la grande ville et profère contre elle un oracle parce que la méchanceté de ses habitants est montée jusqu'à moi.» (Jon 1/1-2, TOB).

On sait peu de choses de Jonas, sinon qu'il est fils d'Amittaï.
Cette mission s'exprime par une parole de Dieu qui invite : lève-toi, c'est-à-dire sors de ton travail, de chez toi, prends la posture d'un homme adulte, sois debout.
Puis vient, l'ordre : va. Le prophète sors souvent de son propre cercle pour en affronter un autre, différent avec qui il est rarement en accord ; sinon il n'y aurait pas de prophète.
La destination n'est pas n'importe laquelle : à Ninive. Et la parole ne laisse aucun doute sur le contenu de la mission car elle prend soin de noter ce qui était l'évidence même pour un juif : la grande ville païenne. Et puis il y a le contenu même de la mission, la demande de prise de parole de la part de Jonas : profère contre elle un oracle parce que la méchanceté de ses habitants est montée jusqu'à moi. La traduction liturgique dit simplement : proclame que sa méchanceté est montée jusqu'à moi. Il est bien difficile pour un juif de faire la démarche de rencontrer des juifs et encore plus de les mettre en face de leur conduite.
La mission confiée à Jonas est donc bien difficile. Les deux premiers versets donnent donc tout le sens et la portée de la mission de Jonas. Des questions surgissent : comment Jonas reçoit-il cette parole de Dieu ? comment va-t-il faire pour remplir cette mission ? Quel accueil les habitants de Ninive vont-ils réserver à Jonas ? Quelle va être l'attitude des habitants de Ninive face à cette proclamation ou à cet oracle ?
Ce sont autant de questions que naturellement on peut se poser quand on ne connaît pas le texte.
Ces questions pourraient être aussi les nôtres. On pourrait les exprimer ainsi : que faisons-nous en face de ce qui nous est confiée (travail, famille, tâches ménagères, communautaires) ? quelle parole de Dieu je perçois dans ma vie ? quel accueil je lui réserve ?
Le livre de Jonas va être cela : l'attitude de cet homme face à ce qui lui est demandé, avec en arrière fond qui est aussi la grande question que des croyants juifs ou chrétiens peuvent se poser : quelle place et quel rôle jouent les non juifs ou les non croyants dans la vie religieuse ou pour prendre un terme plus savant, dans le plan de Dieu ?

fr. Michel Caille ofm.

 

 

 

"O Seigneur, qu'il est grand ton nom par toute la terre !"


Les premiers biographes de saint François d'Assise ont dit de lui qu'il se régalait à prononcer le nom de Jésus (cf. 1C 86). A la fin de sa vie, à l'intention de Léon, son "frère petite brebis", grandement tenté de regarder en arrière, il écrira aussi les louanges de Dieu, pour lui redire la grandeur du nom de Dieu : "Toi seul es Saint, Seigneur Dieu, toi qui fais des merveilles ! Tu es beauté, tu es la force, tu es la fraîcheur, tu es sécurité, tu es douceur..." Avec ces mots, François disait aussi à Dieu sa reconnaissance pour toutes les traces qui chantaient autour de lui sa présence discrète : l'alternance des saisons, la douceur d'un frère, le feu étonnant dans le coeur...
Réunis le 4 octobre pour fêter notre fondateur, nous avons rendu grâces avec lui pour l'immensité du nom de Dieu en Jésus-Christ, ce nom que nous n'aurons jamais fini de méditer, contempler, adorer. La méditation des noms de Dieu peut aussi nous permettre de rejoindre nos frères aînés dans la foi, à qui Dieu s'est révélé le premier par son nom propre, de cheminer avec nos frères musulmans, qui méditent selon leur tradition sur les 99 plus beaux noms de Dieu, et plus près de nous d'entrer peut-être avec nos frères orthodoxes dans la prière du coeur... Pour tous nos contemporains mêmes, agnostiques, athées ou indifférents, que pourrions-nous dire alors de la grandeur de notre Dieu, avec des mots d'aujourd'hui ?
Tu es sourire, tu es danse, tu es joie, tu es l'inexplicable joie,
Tu es lumière du matin, tu es lumière du coeur,
Tu es parfum, tu es mélodie,
Tu es paix, tu es vérité,
Tu es notre domicile,
Tu es geste d'amour...
Oui, vraiment, toi seul es Saint, Seigneur Dieu !
A vous d'allonger la liste ! En communauté, nous essayons, humblement, de nous tenir dans le nom de Dieu. Le moins qu'on puisse dire est qu'il y a de la place pour tous ! L'un se tient plutôt dans la douceur, l'autre plutôt dans la mélodie, le troisième dans la joie perpétuelle, et ainsi de suite, et tous ensemble tenons dans la promesse et le pardon fraternels ! N'hésitez pas donc à venir nous voir, pour une prière, pour un repas, pour une rencontre, ou pour un accompagnement spirituel. L'Evangile est ouvert : il se vit aujourd'hui; comme pour Abram jadis (Gn 17), Dieu désire inscrire une part de son nom dans le vôtre.

Fr. Pierre

 

Mais qu'attendent-ils donc ?


30 octobre – 19 heures, Place du Capitole. Des frères franciscains, des soeurs et des laïcs de la famille franciscaine se tiennent en cercle sous des trombes d'eau, sans un bruit... Mais que cherchent-ils, qu'attendent-ils donc ?...

Il sont là tout simplement, posés dans la forme la plus pauvre d'expression d'une protestation : un cercle de silence. Avec eux, c'est comme si le centre de rétention de Cornebarrieu, aux confins des pistes de l'aéroport de Blagnac, et tous ses occupants en attente de reconduite à la frontière faisaient leur entrée dans le centre-ville et dans le quotidien de nos vies... Tous ces gens en transit, de passage comme Marie et Joseph à la suite de tout le peuple d'Israël.

Ils attendent, ils veillent à leur manière, croyant que seule la prière peut permettre d'aller plus loin et d'inventer des solutions plus justes et plus respectueuses des besoins des toutes les personnes engagées dans cette affaire des sans-papiers. Ils attendent, ils espèrent comme Marie et Joseph, qu'une lumière se lèvera dans les ténèbres sans trop savoir laquelle et où elle les mènera, mais certains que Dieu les attend là.

Ils sont là en solidarité silencieuse et les passants s'arrêtent, certains entrant même pour un temps dans le cercle : non-croyants, musulmans... D'aucuns nous diront combien ils cherchent un moyen pour s'exprimer, pour s'engager sans parvenir à le trouver... A Bethléem aussi certains passaient sans voir et d'autres s'arrêtaient, mais l'essentiel était dit, tout était donné, car Dieu avait dit Sa Parole, s'y était totalement engagé et donné.


Cette simple présence solidaire ne nous dit-elle pas quelque chose de ce temps de l'Avent qui s'ouvre pour nous : temps de préparation, temps d'espérance, temps d'ouverture à l'inconnu de Dieu, temps d'une présence renouvelée aux autres et avec les autres.

Que ces jours qui nous séparent de Noël vous donnent d'entrer davantage dans le mystère de Sa présence au coeur même de notre monde et de nos vies.


Fr Stéphane

 

Noël: Dieu-avec-nous

Noël, ce nom à lui seul cristallise toutes nos passions et tous nos désirs : Et c’est bien normal, car dans nos sociétés occidentalisées, ce temps est associé à la fête, aux bons repas, aux réunions de famille, aux cadeaux sympathiques mais pas toujours pratiques. Il y a bien la messe de minuit et sa jolie crèche vivante par les enfants du caté, mais cela suffit-il à stimuler notre désir de Dieu ? à relancer notre désir de contemplations bien au-delà de toutes nos agitations quotidiennes ?

Noël, ce nom faisait à lui seul la joie de saint François, il l’attendait comme un fiancé guette le moindre soupir de sa bien-aimée, car le Verbe de Dieu, ce qui est le plus intime de Dieu même , nous est livré, donné, partagé, comme le plus grand des cadeaux de Dieu, pour sa plus grande gloire et la notre !.

Mais Noël est bien plus qu’un simple acte de dévotion, aussi noble soit-il. Cette venue de Dieu dans notre humanité, demeure une respiration qui nous dilate à plein vent nos poumons pour respirer le bon air de la simplicité et de la pauvreté de Dieu en cet enfant.

Noël, c’est bien plus qu’un simple enfant qui nous est donné, c’est aussi une famille à accueillir: Marie, la toute pauvre, modèle de l’accueil et de la simplicité dans une confiance mûre sereine, solide, et Joseph, qui permit à l’enfant de s’appuyer sur son amour paternel et bienveillant.

Noël, c’est surtout le temps de la louange et de l’action de grâce, et saint François nous permet de nous relancer dans cette dynamique de don :et de prière « François est incapable de prier sur des abstractions. Sa prière contemplative ne dissocie jamais le visage de Marie de celui du Christ son Fils et Fils de Dieu.» comme nous rappelle notre frère Michel Hubaud.

Noël, et le joie de Marie et de Joseph devient la nôtre, celle de l’accueil absolu et sans retour de ce petit être qui ne peut rien sans eux, sans moi, sans nous.

Alors, une fois Noël passé, que ce nouveau temps liturgique dit « ordinaire » devienne le lieu de tout un « extraordinaire » en poursuivant notre capacité d’accueil et d’abandon. Alors, nos vies deviendrons un cadeau infini pour Dieu...


Fr David

 

 

En quel pays de solitude...

Ce matin, nous chantions à l'office, « En quel pays de solitude, quarante jours, quarante nuits, irez-vous poussés par l'Esprit? » Solitude... le mot fait peur. Solitude de nos villes, solitude de nos déserts intérieurs, où nous côtoyons l'angoisse et l'abandon. C'est vers ce pays que Dieu nous envoie. Dans le livre d'Osée, quand Dieu veut dire son amour à son épouse infidèle, il la fait passer par l'épreuve : « Je la rendrai pareille au désert, je la réduirai en terre aride, je la ferai mourir de soif... ». (Os2, 5b) Mais ce désert est aussi le lieu d'une promesse « je vais la séduire, je la conduirai au désert et je parlerai à son coeur » (Os 2, 16)
Ce chemin vers le lieu de l'écoute est aussi le nôtre. Car le Carême nous invite à partir pour grandir, pour faire silence, nous recentrer sur ce qui fait le coeur de nos vies, de nos désirs, de nos espoirs, de nos peurs et de nos fragilités. Chemin de croissance spirituelle et humaine, car comme l'écrit Jean Vanier, « la nuit de l'angoisse est une porte vers la maturité ». Jésus lui-même est tenté au désert; lors de sa passion, nous le verrons à nouveau en proie à cette angoisse et à cet abandon. Mais en s'appuyant sur la Parole de Dieu, il chasse le tentateur (Premier dimanche de Carême: Mt 4, 1-11).

Le désert révèle. Je voudrais être indépendant, réussir, être admiré... Mais cette cacophonie de désirs, ce tohu-bohu de peurs... que le silence fait résonner, tout cela, c'est moi aussi. Vais-je continuer à me faire la guerre à moi-même? A me cacher à mes propres yeux? Et aux yeux de ceux avec qui je vis? Le Carême nous invite à un cessez-le-feu avec nous-mêmes et avec ceux qui nous entourent. N'est-ce pas l'expérience de l'aveugle-né ? Les disciples cherchent un coupable et demandent « qui a péché, lui ou ses parents ? » et Jésus répond: « Ni lui, ni ses parents, mais c'est afin que soient manifestées en lui les oeuvres de Dieu » (Quatrième dimanche de Carême: Jn 9, 2-3). Dans l'expérience du manque, je découvre que je peux me tenir debout dans mes fragilités mêmes. Quelque chose ou quelqu'un est plus profond que mes blessures. Plus besoin de cacher, de chercher à paraître. Comme la Samaritaine (Troisième dimanche de Carême: Jn 4, 5-42), je découvre que dans mes limites, je suis aimé, précédé et attendu; je découvre que la relation est fondamentale. Et j'apprends à me pardonner et à pardonner aux autres. L'autre, mon frère, n'est alors plus celui qui m'empêche de vivre, qui me limite. Quelque chose nous unit l'un à l'autre: nous puisons à la même source de notre humanité. Et il devient celui à qui je confie ma vie dans la confiance, dans la réciprocité d'un don qui fait grandir et aimer.

Ce chemin n'est pas celui d'une introspection mortifère. Nous ne jouons pas à faire comme si Jésus n'était pas vivant pour vivre plus intensément les fêtes de Pâques. Au delà de notre épreuve, Jésus est déjà vainqueur, nous le savons. La liturgie nous le redit dès le début du Carême avec le dimanche de la Transfiguration (Deuxième dimanche de Carême: Mt 17, 1-9). Ce chemin n'est pas non plus retour narcissique sur nos limites. Nous ne devons pas nous lamenter sur nous-mêmes, mais portons nos regards sur Jésus en croix: c'est là qu'il nous révèle l'amour dont le Père nous comble et qu'il nous donne la force de vivre débout. Lazare revient à la vie... temporairement. Mais dans sa vie, il a fait l'expérience de la puissance de Dieu (Cinquième dimanche de Carême: Jn 11, 1-45). En contemplant Jésus, demandons lui la force de vivre nos petites morts quotidiennes pour mieux renaître et nous réjouir nos petites renaissances quotidiennes. Dans ce face-à-face avec nous-mêmes, nous ne sommes plus seuls. C'est l'Esprit qui pousse et nous accompagne au désert pour suivre Jésus-Christ, c'est le Père qui nous attend. Celui qui nous précède a parcouru notre chemin humain. Ce que nous vivons, il l'a lui-même vécu, jusqu'au bout.

Que le Seigneur nous accompagne de son Esprit pendant ce temps de Carême. Qu'il nous donne la force de persévérer dans la prière, l'amour du prochain, la méditation de sa Parole; qu'il nous donne de goûter à la force des sacrements, afin de célébrer les fêtes pascales « dans la joie d'un coeur purifié. »

Fr. Frédéric-Marie.

 

Il est monté aux cieux, il siège à la droite du Père

Il est monté aux cieux, il siège à la droite du Père,
O Dieu, sois glorifié dans les cieux, et que ta gloire rayonne sur la terre !
(Psautier St. François 7,10)

Tout n’était donc pas fini avec la mort sur la croix…
Si tout s'était arrêté à la croix, nous garderions de Jésus juste l’image d’un bon prédicateur (itinérant en plus) : jamais personne n’a parlé comme cet homme ; nous dirions de lui que c'était un grand homme, de ceux qui façonnent les sagesses humaines pour que le monde tienne debout et que les hommes arrivent à vivre ensemble, Lui qui enseignait que l’homme pouvait s’approcher du Royaume de Dieu, et que les hommes pouvaient construire ensemble et avec l’aide de Dieu, un monde plus juste et plus fraternel. Et voilà que la mort, et la mort de la croix, est venue tout enlever du message d’espérance.
Et, si tout s'était arrêté à la croix, aurions-nous même entendu parler de ce Jésus de Nazareth, mort dans un échec si cuisant ; aurions-nous entendu parler de son Dieu qui est son Père et notre Père, ce Dieu fou et faible d'amour au point de venir au milieu des hommes. Comme le dit Paul, notre prédication serait alors vaine, notre foi serait vide, nous n'aurions rien à annoncer, rien à espérer (cf. 1Co. 15,14)

Oui mais ce matin alléluia, notre espérance a jailli du tombeau.
Nous venons d’entrer dans le printemps, où la nature se refait une beauté, où le ciel commence à être un peu plus bleu et les oiseaux chantent plus joyeux encore. La vie et notre vie est-elle réellement renouvelée pour autant? « Voici, je fais toutes choses nouvelles » nous dit Ap 21,5. Et en effet nous prenons conscience à chaque fois que nous abordons le temps pascal de l’éternelle nouveauté et beauté du christianisme, ou plutôt du christianisme en tant que nouveauté et beauté, en tant que Belle et Bonne Nouvelle ; notre sœur et mère la Terre, qui nous porte et nous nourrit se pare elle-aussi de beauté et exulte d’allégresse : toute chose est maintenant nouvelle ; le grain tombé en terre et qui était mort fait jaillir la vie nouvelle (cf. Jn 12,24) . « Si donc quelqu’un est dans le Christ, il est une création nouvelle » (2 Co 5,17), dit encore Saint Paul. La Résurrection du Christ nous donne vraiment cette force nouvelle, pour la vie et pour aimer et c’est l’amour qui rend la vie toujours belle et nouvelle. Aimer, c’est voir en toute personne humaine, la face du Dieu Très-Haut, c’est donc finalement aimer Dieu lui-même dans sa créature, et c’est pardonner comme lui pardonne à chacun de nous. Aimer comme Dieu aime, c’est pénétrer dans les profondeurs du mystère de sa Providence, et avec lui, devenir capables de contribuer à la création de notre histoire et de transformer nos propres terres de mort et de péché en terre de vie nouvelle.

La mort vaincue par la puissance de l’amour.
Il est finalement peu surprenant que ce soit à une femme aimante, Marie de Magdala, que Jésus ressuscité se soit manifesté. C’est l’amour qui est vainqueur de la mort et ce sont ceux qui aiment qui le perçoivent en premier ; il en est de même du disciple que Jésus aimait lors de son entrée dans le tombeau vide : il voit et il CROIT.
Et nous dans tout ça ? Comment nous situons-nous aujourd’hui devant cette nouvelle fête de Pâques ? S’agit-il d’une simple étape dans le déroulement liturgique de l’année ou alors, à notre tour, voulons-nous entrer davantage dans le Mystère Pascal et CROIRE à l’inouï de Dieu ? Dieu n’a voulu connaître la mort que pour nous associer pour toujours à Sa Vie.

L’expérience du Christ ressuscité est alors communicative. Nous ne pouvons pas le garder pour nous. Chaque fois qu’un des disciples fait l’expérience du Christ ressuscité, il s’en va immédiatement le dire aux autres. « J’ai vu le Seigneur » s'écriait Marie de Magdala (Jn 20,18). Telle doit être notre attitude en ce temps de Pâques : de l’émerveillement et de la reconnaissance pour avoir vu le Seigneur manifester son amour et sa vie nouvelle pour nous, et Il nous a appelés par notre nom, comme Marie, pour que nous allions annoncer la joie de sa Résurrection à tous les hommes. Voilà ce que signifie être chrétiens : être envoyés, comme témoins de cette Belle et Bonne Nouvelle.

Au moment où, dans la joie de la Résurrection, nous célébrons Pâques, nous voulons redire notre foi en l'amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ, comme une force pour vivre, une source pour aimer comme Lui, une espérance que nous voulons partager à tous.

Tout puissant, très saint, très haut et souverain Dieu,
Souverain bien, bien universel, bien total, toi qui seul es bon,
Puissions-nous te rendre toute louange, toute gloire, toute grâce, tout honneur et toute bénédiction :
Puissions-nous toujours rapporter à toi seul tous les biens !
- Amen.
(St François)

Bonne et sainte fête de Pâques à tous !

Fr. Boris

 

 

Recevez l'Esprit-saint !

Il était une fois un petit d'homme blanc, Joseph, âgé de 4 ans. Il ne marchait pas, ne parlait pas. Il se déplaçait seulement à 4 pattes. A des milliers de kilomètres de là, un petit d'homme noir, Fidèle, 4 ans également. Il faisait beaucoup plus que marcher, il escaladait tout ce qu'il trouvait.

Un jour, les parents de Fidèle demandent à la maman de l'enfant handicapé de l'accueillir dans sa famille. Elle y consent. Et Fidèle se met au niveau de Joseph, il marche à 4 pattes. Il rejoint si bien son frère qu'un jour devant la maman en pleurs, il réussit à le mettre sur un vélo. Et le vélo s'ébranle. Joseph est maintenant un homme debout.

Beaucoup plus tard, Joseph apprend à Fidèle son frère noir à étudier, à se concentrer. Tout fier, il réussit son baccalauréat. L'histoire n'est pas finie ; Joseph est maintenant médecin en Amérique du Sud, et son frère Fidèle étudie la médecine pour travailler avec lui et le rejoindre.

Cette histoire vraie m'habite depuis qu'un jour leur maman me l'a raconté, dans un train. Belle et profonde histoire de fraternité. Histoire touchante d'un amour qui met l'autre debout. Histoire d'amour qui traverse les années.

C'est cette histoire qui m'a traversé l'esprit, quand un frère m'a demandé d'écrire sur le temps ordinaire ; le temps de la Pentecôte prolongé. L'Esprit du Ressuscité est Celui qui partout dans le monde se réjouit, encourage l'amour, la fraternité, la solidarité.

Quelle joie de vivre que le temps ordinaire d'un chrétien est celui de l'action de Dieu. Il n'est pas un temps banal ou cyclique. Il est le temps de l'amour qui parcourt et habite le monde. Dieu ne cesse d'être à l'oeuvre. Il nous invite à contempler sans cesse son action, et à agir en communion avec Lui. Bien plus encore, contemplation et action deviennent tellement unies qu'ils deviennent un mariage indissoluble.

Esprit Saint, donne-nous ton regard pour que nous puissions admirer tout ce qui est beau tout autour de nous.

Esprit Saint, donne-nous ta force pour que nous puissions être acteurs d'un changement profond.

Esprit Saint, donne-nous ton imagination un peu folle pour que nous puissions danser la valse de la tendresse et la répandre en spirale d'amour.

Frère Michel Laloux

Belle fête de Saint François !

Le 4 octobre 2008, nous célébrerons le 780ème anniversaire de la mort de saint François, depuis sa canonisation proclamée en juillet 1228 à Assise par le Pape Grégoire IX. Cet anniversaire ouvre une série de commémorations exceptionnelles dans tout l’Ordre, à l'occasion de son 8ème centenaire : l’approbation de la Règle des frères, par Innocent III, date de 1209 !

Ce 4 octobre, à Toulouse la communauté des frères se déplace pour fêter la saint François chez les soeurs Clarisses (216 avenue Saint-Exupéry). Juste avant la messe, célébrée à 10 h, sera lue à 9 h 30 (en traduction française) la règle officielle des Frères, approuvée en 1223 par Honorius III. Nous ne pouvons lire la première Règle de 1209 dite proto-règle car nous n’avons sur elle aucun contenu précis. Aucune trace écrite.

Elle était probablement orale et devait être constituée de citations évangéliques sur la radicalité de la suite du Christ. Des essais de reconstition plausibles ont été émis par des historiens, sans qu’aucun ait retenu l’assentiment global. Quoiqu’il en soit, la proto-règle de 1209 a été prise dans un mouvement évolutif de près de 15 ans, lié à un processus de maturation dans l’Ordre, qui a abouti à la Règle de novembre 1223. Les situations nouvelles liées au grand nombre des frères dans les années 1210, l’application des décisions du Concile de Latran IV de 1215 pour les religieux, a nécessité progressivement une mise par écrit rigoureuse qui a demandé plusieurs rédactions : une possible en 1217, une certaine en 1221, une officielle et toujours actuelle en 1223. La règle de 1223, soumise au fil des siècles dans l’Ordre à de nombreuses interprétations, n’a pas changé d’un iota. L’original est toujours visible dans la salle des reliques de la Basilique Saint-François à Assise. C’est sur ce texte que s’engage tout frère dans l’Ordre. Le 18 octobre les frères David et Stéphane à Toulouse le feront lors de leur profession solennelle le samedi 18 octobre à 11 h à l’église du Sacré-Cœur... vous êtes tous invités à les entourer de votre présence et votre prière !

frère Serge Delsaut

 

Aux croisées des chemins

Luis Borges écrit : « Qu’est-ce qu’une intelligence infinie ? Il n’est pas de théologien qui n’en donne une définition ; je préfère en donner un exemple. Les pas que fait un homme, du jour de sa naissance au jour de sa mort, dessinent dans le temps une figure inconcevable. L’Intelligence divine voit cette figure immédiatement, comme nous voyons un triangle. Cette figure a (peut-être) sa fonction bien déterminée dans l’économie de l’univers. »

Faisons un pas de plus. A quoi ressemblerait la figure composée des pas de tous ceux qui ont permis la célébration des vœux solennels des frères Stéphane et David, ce samedi 18 octobre ? Pour l’esquisser, il faudrait d’abord regarder les leurs, qui n’ont pu se croiser que parce que chacun avait, de son côté, croisé les pas de ceux qui suivent saint François, marchant à la suite du Christ ! En se rapprochant un peu, on verrait leurs pas traçant de-ci, de là, durant les semaines précédentes, et croisant ceux de tous les frères et bénévoles de la communauté, les gribouillis lumineux de la grande célébration fraternelle.

Mais bientôt apparaîtrait que nous ne sommes même pas au commencement de la figure recherchée. Car il y faudrait ajouter les pas de leurs parents, de leurs amis, venus des quatre coins de France, riches et pauvres tous ensemble, et puis les pas des frères venus de tous les âges. La belle procession d’entrée, rassemblant frères, sœurs, et beaucoup de religieux de Toulouse, fut comme un premier trait de joie, tiré sur tous les visages. Quelle joie en effet de découvrir le chemin fait par nos sœurs clarisses, venues des monastères de la région, appelant à resserrer encore la complémentarité fraternelle : la porte est étroite, parce que nous entrons nombreux de concert !

Bien sûr, il y a le grand pas en avant, prononcé par nos deux frères : « Oui, je le veux !» Un grand Oui prononcé personnellement, au cœur d’une communauté vivante, réceptive et « missionnante ». Et au passage, un grand pied de nez aux fatalistes de l’individualisme. A l’offertoire, la trace offerte par ces tout petits cachés sous les fleurs, traversant la nef au son du fifre, disait encore cela, dans le langage simple et profond de l’esprit d’enfance. Les pas du frère Michel Laloux, dansant autour de l’autel en guise d’encensement, le confirmaient.

Il faudrait maintenant un autre crayon pour ancrer les pas de tous les amis de Toulouse, les pas aussi de tous les pèlerins de Vézelay, rendus présents par les banderolles de couleur décorant l’église. Et un autre encore pour dire les pas singuliers, les pas de communion de cette femme musulmane, participant au groupe d’alphabétisation avec Stéphane, s’avançant confiante vers le corps du Christ. Dans un beau mouvement, le prêtre la bénit. Vraiment, cette célébration a touché les cœurs : l’engagement des uns met en marche tous les autres. Avant l’envoi, Stéphane et David reçurent chacun un sac contenant l’essentiel pour la route. Entre autres, venant du terroir et de la terre entière, un peu de canard et un pot de confiture, les Confessions d’Augustin et un chapelet musulman… Nulle trace de Bible, s’étonnait un participant. Leur vie n’est-elle pas Evangile ; regarde leurs traits joyeux, répondit l’autre.

Pendant l’après-midi, les danses folk et danses d’Israël ont tracé des cercles, des pas de valses, puis quelques chansons et un sketche étonnant ont rappelé le concret de la vie fraternelle : rendez-vous dans 50 ans, pour voir ce que nos routes ont tracé ! Enfin, nous avons célébré vêpres dans notre petite chapelle bondée. Le lendemain, dimanche, avec les familles et amis encore présents, pas de temps à perdre : il est temps de vivre la création nouvelle, proclamée la veille avec force par un jeune ressuscité du Quart-Monde (Ga 6.15). Frère Christophe Leclerc, notre doyen, qui n’avait pu être présent la veille, nous a ensuite invités dans le jardin pour y planter deux pieds de vigne, selon le texte d’Evangile de la célébration (Jn 15). Voici un bel appel à porter du fruit, et un fruit qui demeure ! Voilà un beau paradoxe, mais rien que le Seigneur ne puisse dénouer !

Quelle figure toutes ces traces dessinent-elles ? Poura-t-on jamais élucider les croisements fraternels ? Oui et non, et il faut rendre justice à Borges : si certes les circuits du souvenir dans l’esprit de l’homme ne sont pas moins complexes que les pas tout imbriqués de nos histoires, et peuvent nous en donner idée, c’est cependant une grâce à coup sûr que d’en goûter le sens d’ensemble, le sens profond, et surtout d’en vivre par l’acte de faire mémoire. On découvre alors en cette figure, tout décontenancé de sa lumière naissante, le visage simple de Quelqu’un… que nul pour un autre ne peut nommer.

Belle route à vous, mes frères !

Frère Pierre GUY

La grâce est la rencontre de Dieu avec notre dignité

Le temps liturgique de l'Avent célèbre non pas un « avant » Noël, dans un horizon mercantile que nous connaissons bien, ou celui infantile qui habite notre sentiment.

Il s'agit de ce que signifie ce mot, l'avènement du Fils de Dieu en Jésus, fils de l'homme par Marie, et par lui l'avènement de Dieu en notre humanité.

C'est donc un avènement dont l'histoire dépasse celle d'un peuple pour devenir la clé de tout l'univers. Saint Paul nous dit que cette histoire révèle et réalise le dessein de Dieu conçu avant même la fondation du monde.

« Lève les yeux et regarde, car voici ta lumière. » A cette invitation du prophète, des hommes des lointains ont scruté le ciel. Et sans lunettes ultra performantes, non seulement ils ont contemplé un monde sidéral de toute beauté ; mais ils ont discerné l'annonce d'une naissance unique, tellement sidérante qu'ils ont tout quitté pour la découvrir.

Dieu, par cet avènement, vient à la rencontre de l'homme. « Adam, homme, où es-tu ? » Et la Parole de Dieu fait homme retentit : le Fils de l'homme est venu sauver ce qui était perdu.

Oui, Dieu vient retirer l'homme de ses impasses. Impasses biologiques, impasses intellectuelles, impasses sentimentales, impasses spirituelles.

Impasse de toute la création où l'homme l'entraîne en se croyant maître et non plus serviteur. Impasse même de la vie, où la mort règne en maître.

Le temps de l'Avent nous invite à sortir de ces impasses. Comment ? D'abord en nous invitant à revenir à la source du dessein de Dieu créateur et sauveur.

La source en est l'Amour trinitaire du Dieu qui veut entrer en communion de vie avec l'humanité entière.

Telle est la joyeuse nouvelle de l'Avent. Dieu se fait chair, Dieu se fait homme pour nous le dire et pour le réaliser. En un nouveau-né, commence le ciel nouveau et la terre nouvelle. Le Fils de Dieu lui-même devient l'un de nous en Jésus et apparaît en gestation en chacun de nous, en toute humanité.

Alors, dis-nous, petit enfant, que faire pour hâter cet avènement, cet univers grandiose de grâce que tu nous offres.

C'est un univers de grâce. Réjouissons-nous d'abord et rendons grâces à Dieu pour ce don tout gratuit. « Si tu savais le don de Dieu. » C'est une découverte merveilleuse, à partager avec tous, avec l'univers entier. Il y a là de quoi ébranler toutes nos assises humaines dans nos fausses sécurités. C'est tout le sens de notre histoire qui est en jeu.

Et c'est pourquoi ce fils de l'homme nous invite à renaître. Renaître, est-ce possible ? Oui, mais renaître avec le Christ dans l'esprit.

Comme tout enfantement du corps, de l'esprit et du coeur, cela est douloureux. Dieu respecte notre dignité d'homme. La grâce est la rencontre de Dieu avec elle. Il veut accomplir cette dignité en l'élevant à sa propre vie, dans une destinée humaine et divine.

Alors n'attendons pas les bras croisés, asservissant le monde à nos caprices. En loyaux serviteurs de toute créature, entrons dans l'optique du dessein créateur et sauveur. Un enfant unique nous indique le chemin de Dieu et de l'homme. « Oui, regarde et vois naître ta lumière. »

Frère Christophe Leclerc

 

Nous voici à la veille de Noël

Nous voici donc à la veille de Noël. Que pouvons-nous en dire alors que depuis plus d’un mois ce mot de Noël court sur les lèvres des enfants, dans les réclames des marchands, dans les vœux qui s’échangent, dans les chants d’Eglises, dans la préparation des réunions de famille, dans les congés tant attendus ?
Essayons de revenir à l’essentiel. Noël ce n’est pas avant tout un bébé né au cours d’un voyage imposé à ses parents, des gens très simples aux ressources financières faibles. Ce n’est pas avant tout cette jeune femme qui accouche dans l’étable d’une hôtellerie dont tous les recoins sont remplis à craquer. Noël ce n’est pas avant tout une sarabande d’anges qui invitent des bergers à venir saluer celui qui, disent-ils, va sauver son peuple.

Alors qu’est-ce donc que Noël ? Celui que tous les êtres recherchent consciemment ou inconsciemment au dehors ou au-dedans d’eux-mêmes, Celui qui est le Tout Autre, Celui qui semble inatteignable, Celui que beaucoup de religions ont craint ou continuent de craindre, Celui que nous appelons Dieu , Celui qui déjà s’était fait connaitre au Peuple élu, Celui-là a montré qu’IL établissait une alliance définitive avec l’espèce humaine. Dieu le Fils est venu au milieu de notre humanité cahotante, souffrante, désespérante parfois, pour en partager les conditions d’existence.

Notre humanité n’est plus seule à se débattre au milieu des difficultés pour une vie sociale vraiment digne des hommes. Emmanuel c'est-à-dire « Dieu est avec nous » est là véritablement. Sa force d’amour est à notre disposition si nous la laissons entrer dans nos vies et nos sociétés.

En ces temps où l’anxiété demeure en tant de personnes. En ces temps où tant d’êtres humains ne voient plus de sens à leur existence, avec tendresse et simplicité rappelons « Dieu est avec nous », mais il respecte notre dignité, et rien ne changera sur notre planète sans nos mains et nos pieds, sans notre tête et surtout sans notre amour.

Alors faisons que Noël ait un sens pour nos contemporains. Et que Dieu maintienne sa force en vous pour faire de 2009 une Bonne année.

Frère Alain

Le temps des veilleurs


Entre Noël et le Carême s'étend un temps entre deux temps, temps intermédiaire, premier segment de ce temps que l'Eglise qualifie d'ordinaire. Mais qu'a-t-il donc à nous dire, ce temps ?...

Le monde semble s'y réveiller comme après une nuit de tempête : la crise est là, le peuple de Gaza s'est laissé enterrer sous les bombes de l'armée israélienne, les quotas de reconduites à la frontière d'étrangers en situation irrégulière ont été dépassés... L'Eglise, elle aussi, s'éveille tout engourdie, entre la joie devant un ultime geste ouvrant la porte à une réconciliation avec nos frères intégristes et l'incompréhension devant leur refus d'accueillir la parole du Concile et la réalité de l'histoire... Temps de la désespérance, temps de l'ultime révolte pour tant et tant de nos contemporains.

Et voilà que l'Eglise nous offre au coeur de ce temps intermédiaire de l'ordinaire, la fête de la présentation au Temple, fête des lumières dirait-on en Orient. Marie et Joseph montent à Jérusalem avec un Jésus de quarante jours. Dans la cour du Temple les attend le vieillard Syméon. Prenant l'enfant dans ses bras, il parle de lui comme d'un signe de salut pour toutes les nations. Oui, ce sage nous invite à ouvrir les yeux et à discerner les signes des temps, sans nous voiler la face sur les difficultés qui sont les nôtres : « Toi-même ton coeur sera transpercé par une épée » annonce-t-il à Marie. Des signes en creux et en manque où se dit notre soif de paix et de justice, mais également des signes en relief et à contre-courant qui disent que notre société doit changer en profondeur, que nous nous sommes peut-être trompés d'essentiel depuis des années, que l'autre doit avoir sa place à nos côtés... Car, comme nous le rappelle l'Ecriture : « Ton père était un araméen errant »... « Il y a plus de joie à donner qu'à recevoir »... « Heureux les pauvres de coeur, le Royaume des cieux est à eux. »

Alors soyons des veilleurs à la suite du vieillard Syméon, laissons-nous déranger par la Parole de Dieu et par les interpellations de nos frères en humanité. Osons attendre patiemment et résolument à la manière de Syméon en descendant au plus profond de nous-même pour écouter Sa voix. Mais surtout, gardons cette espérance dans la promesse que nous fait le Seigneur de venir dans notre histoire, non pas pour tout faire à notre place mais pour ressaisir nos humbles gestes personnels et collectifs dans ce vaste mouvement des profondeurs où Dieu prend l'homme pour le diviniser et l'ouvrir à Sa vie. Alors, sans doute aurons-nous la grâce de sentir monter en nous cette bénédiction de Syméon :

« Maintenant ô Maître souverain

tu peux laisser ton serviteur sans aller

en paix selon ta parole,

car mes yeux ont vu le salut

que tu préparais à la face des peuples,

lumière qui se révèle aux nations

et donne gloire à ton peuple Israël. »

Bon et saint temps ordinaire à tous ! Temps où nous commençons à fêter le 8ème centenaire de l'Ordre franciscain : portez-nous dans la prière et n'hésitez pas à venir nous rejoindre pour les différentes manifestations qui émailleront les prochains mois.

Frère Stéphane

Ne me reprends pas ton Esprit Saint, rends-moi la joie d'être sauvé...

Un nouveau temps liturgique commence en ce jour des Cendres, et voici déjà le temps du Carême. Avec toutes les bonnes résolutions que nous venons de prendre et qui sont légitimes, nous voilà maintenant poussés en avant par l’Esprit Saint pour réapprendre, comme chaque année, à mettre le Christ au centre de nos vies. Jésus nous invite avec force en Lui pour nous tourner résolument vers son Père et notre Père. Jésus nous donne la force avec Lui d'espérer sortir victorieux de ce temps de désert et de combat, pour mieux servir nos frères en humanité et devenir des vrais adorateurs du Père.

En effet, la personne du Père, qui nous attire sans cesse à lui par son Christ, dans l’élan de l’Esprit, nous oriente patiemment vers son infinie justice et miséricorde. Tous les ans, en pareille période, nous pourrions pleurer tous les péchés commis en ce monde, ainsi que les nôtres puisque nous y participons aussi, et ce serait légitime. Cependant, n'oublions jamais que la puissance de relèvement du Seigneur ne peut nous laisser à terre. Nous pouvons certes tomber, et nous l’expérimentons tous à notre niveau, mais ce temps de Carême nous invite une fois de plus à ne jamais désespérer. Ce serait un véritable blasphème contre l’Esprit Saint que de croire en un Dieu qui délaisse ceux qui sont blessés ou abimés par le péché. « Il n'y a aucun péché que Dieu ne puisse pardonner », comme disait le Supérieur du frère Anatoli, dans le très beau film l'île de Pavel Lounguine (2008). Dieu est toujours disposé à nous recréer en son Fils. Il demeure toujours en attente de notre désir de se donner sans retenue à nous...

Toutefois, contempler l’infinie miséricorde du Seigneur ne nous dispense pas de poser des actes concrets pour la gloire de Dieu et le salut du monde, et le confort de nos frères !!! La vie des saints peut nous aider à cheminer pas à pas vers la sainteté. Ainsi, comme le rappelle saint Augustin, dans son très beau commentaire du psaume 50, en méditant sur la chute du roi David avec Bethsabée : « ce qu’il voyait était loin de lui, ce qui le perdait était en lui. Le péché est en toi, quand tu en ressens l’attrait, il y règne, si tu y consens. Il faut le dominer et non en être dominé si tu n’as rien qui te porte au mal. Mais, si tu finis par dire que tu résistes avec force, es-tu donc plus fort que David ? ».

L’exemple de David nous invite à ne pas tomber dans une prospérité spirituelle. Il est plus aisé de s’y complaire que de chercher à combattre de front l’adversité. Vouloir Dieu exige de nous d’être tout entiers malléables à l’Esprit Saint. Nous ne pouvons pas réussir à chercher par nos seuls efforts à sortir de notre propre misère. D'autres avant nous s'y sont risqués tant bien que mal, mais n'ont pu tenir dans une juste sainteté. La grâce qui nous invite à cette nécessaire conversion demeure certes donnée par Dieu, mais elle reste souvent accueillie par nous avec peu d’empressement. Que de gaspillage de notre part ! Pourtant, le désir de Dieu nous invite à durer dans l’allégresse quand la vie nous sourit et à la crainte afin d'appréhender une probable et inévitable rechute. La vie spirituelle est donc faite de ce paradoxe et c’est avec lui que nous cheminons. Nous ne pouvons jamais, il est vrai, nous dédouaner du mal que nous commettons, consciemment ou non, mais nous avons le devoir de croire en la bonté infinie du Seigneur qui, comme le rappelle saint François d'Assise ne nous a fait, ne nous fait et ne nous fera que du bien.

Le Carême n’est pas seulement un moment ou moyen privilégié de retour sur soi, mais le chemin le plus parfait pour désirer, par dessus tout, ne plus offenser Dieu, à cause de lui-même. C’est ce que nous disons tous les jours dans le Notre Père : « donne nous de ne pas succomber à la tentation, et délivre nous de tout mal. » Dieu nous aime tellement qu’il nous laisse totalement libre de l’aimer. C’est à nous désormais d’user de cette liberté, jusque dans nos actes, pour le servir et atteindre, par la charité, la personne même de Dieu qui n’est qu’Amour. Nous pouvons, pour ce Carême, chercher à obtenir cette grâce, mais ce serait oublier que nous la possédons déjà ! « Qu'as-tu que tu n'aies pas déjà reçu? » nous dit saint Paul ! Jean Paul II disait pour ceux qui ont le désir de se convertir réellement : c’est 100 % du côté de Dieu et 100 % du côté de l'homme. Seule l’humilité du Christ peut nous délivrer de ce raccourci: celui de nous dispenser de Lui...

Alors, sans crainte, comme nous le disons chaque vendredi matin à l’office de Laudes, avec le psaume 50, nous pouvons demander au Seigneur d'habiter le cri du roi David, lorsqu'il prit conscience de son péché, mais sans jamais perdre la foi en Dieu qui cherche toujours à recréer l'homme en lui: « Crée en moi un cœur pur,ô mon Dieu, enracine en moi un esprit tout neuf » Ainsi, nous pourrons désormais nous préparer pour Pâques et aspirer de tout notre être à jouir de Dieu, et accueillir dès aujourd’hui le salut du Seigneur, lui qui nous sauve déjà en espérance.

Je vous laisse pour la route cette parole de saint Augustin : « Humiliez vous, Dieu vous redressera ; élevez vous, Dieu vous abaissera…ainsi nous recevrons le salut éternel afin que contemplant la gloire de Dieu, et le voyant face à face, nous le bénissions dans l’éternité sans défaillance, sans la peine cuisante de l’iniquité, sans aucune altération du péché. Nous bénirons Dieu sans soupirer davantage, nous attachant à celui après lequel nous avons soupiré jusqu’à la fin, et dont l’espérance faisait notre joie. »

Alors, bonne route sur ce chemin commun du désir de plaire en tout au Seigneur, et de faire sa sainte volonté en toutes choses et tous lieux.

Frère David, ofm

 

"Tu es Jésus !"

A l'extérieur, le temps est maussade. Le ciel est gris. Il pleut. Apparamment rien à voir avec la fête de la Résurrection. Mais l'événement peut se jouer à l'intérieur. Une image m'habite depuis des semaines; celle d'un enfant africain qui dit à notre frère Frédéric-Marie : « tu es Jésus. ». La première réaction de Frédéric-Marie avait été de le nier. Et puis l'enfant avait insisté; « si, mais tu ne veux pas le dire ». Et un sourire avait relié Frédéric-Marie et l'enfant.
L'enfant avait raison. J'allais ajouter; comme souvent les enfants disent vrai. Il exprimait l'identité profonde de Frédéric-Marie, et encore bien plus notre identité à chacun ; notre identité profonde!

Cette identité, nous la recevons de Pâques, de la résurrection du Christ. Le Christ est mort et ressuscité pour que nous devenions Dieu, pour que soit accomplie totalement la Genèse ; « Créés à son image et ressemblance ».

Cette réalité nous est parfois difficile à accepter, à concevoir, à admettre, tant nous sommes confrontés quotidiennement à notre lourdeur, à nos limites, à nos incapacités...à notre distance avec Dieu. Il est vrai que nous n'avons pas à nier notre humanité, à la gommer. Et nous pouvons le faire de 36 manières différentes. L'humilité nous demande d'accepter progressivement, et simplement ce que nous sommes; sans culpabilité, sans narcissisme. M'accepter tel que je suis. Mais cela veut dire aussi reconnaître la grandeur insoupçonnée de mon être qui m'est donnée par la création, et par la résurrection du Christ. La résurrection du Christ n'est pas un événement du passé, il y a 2000 ans. Elle me dit la grandeur de chaque être humain. Nous ne la ressentons pas la plupart du temps. C'est la foi qui nous fait pressentir cette beauté extraordinaire.

Croire en Dieu nous amène à croire en l'homme...nous-mêmes y compris.

Puissions-nous avoir le regard ressuscité vis-à-vis de chaque être.

Bonne fête de Pâques,

Frère Michel Laloux

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